Depuis Bukkittingi, il faut 15 heures de bus pour atteindre le lac Toba, le plus grand lac volcanique d’Asie du Sud-Est. D’après la carte de mon guide “Lonely Planet Indonésie”, il semblait que ces 15 heures devaient se dérouler en suivant paisiblement la ligne droite du Trans-Sumatra, une route que j’imaginais aussi large que rectiligne. Que nenni ! Virages, creux et bosses étaient au rendez-vous pendant tout le trajet !
Après ces heures de secousses, la petite heure de bateau qui permet d’atteindre la vaste île de Samosir depuis les berges du lac Toba passe comme un éclair.
Les infrastructures touristiques (aussi nombreuses que vides lors de mon passage, au mois d’avril) se concentrent sur la péninsule de Tuk Tuk. Il suffit de quitter la péninsule et d’explorer l’île à vélo pour voir disparaître les pensions pour touristes et se retrouver dans de petits bouis-bouis où la femme qui vous sert une assiette de nasi goreng (riz frit, le plat national) ne parle pas un mot d’anglais et pas même indonésien.
Les Bataks étaient anthropophages avant que des missionnaires européens viennent les convertir au christianisme. On peut admirer dans divers points de l’île des vestiges de l’époque où ils vivaient ignorés du monde et frottaient leurs ennemis à l’ail et au piment avant de les décapiter, attachés sur de grosses pierres.
Le littoral de l’île est également richement doté en petits autels familiaux, mi-bateaux, mi-maisonnettes, où les Bataks, aujourd’hui encore, honorent leurs ancêtres. Christianisme et culte des ancêtres semblent intimement mêlés, sans antagonisme.
Les Bataks ont renoncé à déguster de la chair humaine mais certains d’entre eux consomment volontiers de la viande de chien. L’inscription “B1” sur une baraque indique qu’on peut en acheter sur place. “Chien” se dit en effet “biang”, un mot qui ne comporte qu’un B. “B2” désigne la viande de porc, “babi”. Tout en consommant ces deux viandes, les Bataks ne franchissent pas le pas de faire figurer clairement leurs noms sur les menus !